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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/19

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le pigeon voyageur.

de la bora, violente brise glacée du nord-est. En cette vieille Trieste, Zirone et Sarcany, — ces deux sans-le-sou, — devaient se trouver plus chez eux qu’au milieu des riches quartiers de la nouvelle ville.

C’était, en effet, au fond d’un hôtel modeste, non loin de l’église de Santa-Maria-Maggiore, qu’ils logeaient depuis leur arrivée dans la capitale de l’Illyrie. Mais comme l’hôtelier, impayé jusqu’alors, devenait pressant à propos d’une note qui grossissait de jour en jour, ils évitèrent ce cap dangereux, traversèrent la place et flânèrent pendant quelques instants autour de l’Arco di Riccardo.

En somme, d’étudier ces restes de l’architecture romaine, cela ne pouvait leur suffire. Donc, puisque le hasard tardait visiblement à paraître au milieu de rues mal fréquentées, l’un suivant l’autre, ils commencèrent à remonter les rudes sentiers, qui conduisent presque au sommet du Karst, à la terrasse de la cathédrale.

« Singulière idée de grimper là-haut ! » murmura Zirone, en serrant sa cape à la ceinture.

Mais il n’abandonna pas son jeune compagnon, et, d’en bas, on aurait pu les voir se hissant le long de ces escaliers improprement qualifiés de rues, qui desservent les talus du Karst. Dix minutes après,