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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/195

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la maison du pêcheur ferrato.

perstitieuses qui lui venaient de son origine, il avait à cœur de le racheter. Il se disait que la mort d’un homme ne lui serait pardonnée que le jour où il aurait sauvé la vie à un autre homme, au risque de la sienne. Il était résolu à le faire, si l’occasion s’en présentait.

Cependant, Andréa Ferrato, après avoir quitté la Corse, n’était resté que peu de temps en Sardaigne, où il pouvait être facilement reconnu et découvert. S’il ne tremblait pas pour lui, étant énergique et brave, il tremblait pour les siens, que les représailles de famille à famille pouvaient atteindre. Il attendit le moment de s’éloigner, sans exciter la défiance, et passa en Italie. Là, à Ancône, une occasion lui fut offerte de traverser l’Adriatique et de gagner la côte istrienne. Il en profita.

Voilà pourquoi et à la suite de quelles circonstances, ce Corse était établi au petit port de Rovigno. Depuis dix-sept ans, il y avait repris son métier de pêcheur, — ce qui lui permit de reconquérir sa première aisance. Neuf ans après son arrivée, un fils lui était né, qui fut nommé Luigi, et dont la naissance coûta la vie à sa mère.

Depuis son veuvage, Andréa Ferrato vivait uniquement entre sa fille et son fils. Maria, alors âgée de dix-huit ans, servait de mère au jeune garçon