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la maison du pêcheur ferrato.

La nuit se passa sans incidents. Le pêcheur était sorti à plusieurs reprises. Il n’avait rien vu de suspect.

Le lendemain, 18 juin, pendant que ses hôtes dormaient encore, Andréa Ferrato alla aux informations jusqu’au centre de la ville et sur les quais du port. En plusieurs endroits, il y avait rassemblements de causeurs et de curieux. Le placard, affiché depuis la veille, qui annonçait l’évasion, les peines encourues, la prime promise, cela faisait le sujet de toutes les conversations. On bavardait, on apportait des nouvelles, on répétait des on-dit, en termes vagues, qui n’apprenaient pas grand’chose. Rien n’indiquait que le comte Sandorf et son compagnon eussent été vus aux environs, ni même que l’on soupçonnât leur présence dans la province. Toutefois, vers dix heures du matin, lorsque le brigadier de gendarmerie et ses hommes furent rentrés à Rovigno, après leur tournée de nuit, le bruit se répandit que deux étrangers avaient été aperçus, vingt-quatre heures avant, sur les bords du canal de Lème. On avait battu toute la région jusqu’à la mer pour retrouver leurs traces, mais sans résultat. Il n’était resté aucun vestige de leur passage. Avaient-ils donc pu atteindre le littoral, s’emparer d’une embarcation, gagner un