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derniers efforts dans une dernière lutte.

au moment où une décharge l’enveloppait d’une grêle de balles, il se précipita dans la mer.

Les agents, arrivés à la lisière même des roches, n’aperçurent plus que la tête du fugitif, comme un point noir, tournée vers le large.

Nouvelle décharge, qui fit crépiter l’eau autour de Mathias Sandorf. Et, sans doute, une ou plusieurs balles durent l’atteindre, car il s’enfonça sous les flots pour ne plus reparaître.

Jusqu’au jour, gendarmes et gens de police restèrent à observer le semis d’écueils, les sables de la grève, depuis le promontoire au nord de la baie jusqu’au-delà du fort de Rovigno. Ce fut inutilement. Rien n’indiqua que le comte Sandorf eût pu reprendre pied sur le littoral. Il demeura donc constant que s’il n’avait pas été tué d’une balle, il s’était noyé.

Cependant, malgré toutes les recherches faites avec soin, aucun corps ne fut retrouvé dans les brisants ni sur une lisière de plus de deux lieues. Mais, comme le vent venait de terre, avec le courant qui portait alors vers le sud-ouest, il n’était pas douteux que le cadavre du fugitif n’eût été entraîné vers la haute mer.

Le comte Sandorf, le seigneur magyar, avait donc eu pour tombeau les flots de l’Adriatique !

Après une minutieuse enquête, ce fut cette ver-