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le lancement du trabacolo.

dès qu’elle fut signalée, afin d’éviter tout accident, parut-il bon de suspendre l’opération. On ne la reprendrait qu’après son passage dans le chenal. Un abordage entre ces deux navires, l’un se présentant par le travers, l’autre l’abordant à grande vitesse, eût certainement causé quelque grave catastrophe à bord du yacht.

Les ouvriers cessèrent donc d’attaquer les coins à coups de masses, et l’ouvrier, chargé d’enlever la clef, reçut l’ordre d’attendre. Ce n’était plus l’affaire que de quelques minutes.

Cependant, la goélette arrivait rapidement. On pouvait même observer qu’elle commençait ses préparatifs de mouillage. Ses deux flèches venaient d’être amenées, et on avait relevé le point d’amure de sa grande voile en même temps que l’on carguait sa misaine. Mais la rapidité qui l’animait était grande encore sous sa trinquette et son deuxième foc, en vertu de la vitesse acquise.

Tous les regards se portaient sur ce gracieux bâtiment, dont les toiles blanches étaient comme dorées par les obliques rayons du soleil. Ses matelots, en uniforme levantin, avec le bonnet rouge sur la tête, couraient aux manœuvres, tandis que le capitaine, posté à l’arrière près de l’homme de barre, donnait ses ordres d’une voix calme.