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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/268

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mathias sandorf.

Cependant, la foule n’avait cessé d’entourer le héros de cette aventure. Sans doute, elle l’eût porté en triomphe, si son poids n’eût effrayé les plus résolus et les plus solides. Mais Pointe Pescade, toujours avisé, crut qu’il y avait lieu d’utiliser les bonnes dispositions d’un pareil public. Aussi, tandis que l’étranger, après un dernier geste d’amitié, se dirigeait vers le quai, il cria de sa voix joyeuse et attirante :

« La lutte, messieurs, la lutte entre le Cap Matifou et la Pointe Pescade ! Entrez, messieurs, entrez !… On ne paye qu’en sortant… ou en entrant, comme on veut ! »

Cette fois, il fut écouté et suivi d’un public tel qu’il n’en avait peut-être jamais vu. Ce jour-là, l’enceinte fut trop petite ! On refusa du monde ! On rendit de l’argent !

Quant à l’étranger, à peine avait-il fait quelques pas dans la direction du quai, qu’il se trouva en présence de cette jeune fille et de son père, lesquels avaient assisté à toute cette scène.

À quelques distance se tenait le jeune homme, qui les avait suivis, et au salut duquel le père ne répondit que d’une façon hautaine, — ce dont l’étranger eut le temps de s’apercevoir.

Celui-ci, en présence de cet homme, eut un mouvement qu’il put à peine réprimer. Ce fut comme