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le comte sandorf.

ce château était-il l’objet d’une surveillance particulière, organisée par la chancellerie de Hongrie à Vienne, qui est entièrement indépendante des autres ministères de l’Empire. On connaissait en haut lieu les idées du maître d’Artenak, et l’on s’en inquiétait, si l’on n’inquiétait pas sa personne.

Mathias Sandorf avait alors trente-cinq ans. C’était un homme dont la taille, qui dépassait un peu la moyenne, accusait une grande force musculaire. Sur de larges épaules reposait sa tête d’allure noble et fière. Sa figure, au teint chaud, un peu carrée, reproduisait le type magyar dans toute sa pureté. La vivacité de ses mouvements, la netteté de sa parole, le regard de son œil ferme et calme, l’active circulation de son sang, qui communiquait à ses narines, aux plis de sa bouche, un frémissement léger, le sourire habituel de ses lèvres, signe indéniable de bonté, un certain enjouement de propos et de gestes, — tout cela indiquait une nature franche et généreuse. On a remarqué qu’il existe de grandes analogies entre le caractère français et le caractère magyar. Le comte Sandorf en était la preuve vivante.

À noter un des traits les plus saillants de ce caractère : le comte Sandorf, assez insoucieux de ce qui ne regardait que lui-même, capable de faire,