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la maison toronthal.

rielle. Mais la situation d’un banquier est délicate. Rien qu’un mot peut lui faire bien du mal. Or, Sarcany en savait assez pour qu’il fallût compter avec lui.

Silas Toronthal compta donc. Il lui en coûta même des sommes assez importantes, qui furent lestement dissipées, plus particulièrement dans les tripots, avec ce sans-gêne d’un aventurier qui ne se préoccupe pas de l’avenir. Sarcany, après l’avoir relancé jusqu’à Trieste, ne tarda pas à devenir si importun, si exigeant, que le banquier finit par se lasser et lui ferma tout crédit. Sarcany menaça. Silas Toronthal tint bon. Et il eut raison en cela, puisque le « maître chanteur » dut enfin s’avouer que, faute de preuves directes, il était désarmé ou à peu près.

Voilà pourquoi, depuis quelque temps, Sarcany et son honnête compagnon Zirone se trouvaient à bout de ressources, n’ayant pas même de quoi quitter la ville pour aller chercher fortune ailleurs. Mais on sait aussi que, dans le but de s’en débarrasser définitivement, Silas Toronthal venait de leur faire parvenir un dernier secours. Cette somme devait leur permettre d’abandonner Trieste pour retourner en Sicile, où Zirone était affilié à une association redoutable, qui exploitait les provinces de l’est et du centre. Le banquier pouvait donc espérer qu’il