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mathias sandorf.

répondre Silas Toronthal, et ce mariage se fera ! »

Lorsque Sava rapporta cette réponse à sa mère, celle-ci tomba presque évanouie dans les bras de sa fille et ne put que verser des larmes de désespoir.

Silas Toronthal avait donc dit la vérité !

Le mariage fut fixé au 6 juillet.

Pendant ces trois semaines, on imagine ce que dut être l’existence de Pierre Bathory. Son trouble était effrayant. En proie à des accès de rage impuissante, tantôt il restait enfermé dans la maison de la rue Marinella, tantôt il s’échappait de cette ville maudite, et Mme Bathory pouvait craindre de ne plus le revoir.

Quelles paroles de consolation aurait-elle pu lui faire entendre ? Tant qu’il n’avait pas été question de ce mariage, Pierre Bathory, bien qu’il fût repoussé par le père de Sava, pouvait conserver un peu d’espoir. Mais, Sava mariée, c’était un nouvel abîme, — abîme infranchissable cette fois ! Quoi qu’eût dit le docteur Antékirtt, lui aussi, malgré ses promesses, il avait abandonné Pierre ! Et pourtant, se demandait-il, comment la jeune fille qui l’aimait, dont il connaissait l’énergique nature, avait-elle pu consentir à cette union ? Quel mystère y avait-il dans cet hôtel du Stradone, où se passaient de telles choses ? Ah ! que Pierre eût mieux fait de