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mathias sandorf.

— Et de quel droit ? répondit la jeune fille avec un mouvement d’indignation qui lui échappa enfin.

— Du droit que me donne l’autorité paternelle !…

— Vous… monsieur !… Vous n’êtes pas mon père, et je ne me nomme pas Sava Toronthal ! »

Sur ces derniers mots, le banquier, ne trouvant rien à répondre, recula et, sans même retourner la tête, la jeune fille sortit du salon pour regagner sa chambre.

Sarcany, qui avait attentivement observé Sava pendant cet entretien, ne fut point surpris de la manière dont il venait de finir. Il l’avait bien deviné. Ce qu’il devait redouter s’était produit. Sava savait qu’aucun lien ne la rattachait à la famille Toronthal.

Quant au banquier, il fut d’autant plus anéanti par ce coup imprévu qu’il n’avait plus été assez maître de lui-même pour le voir venir.

Sarcany prit alors la parole, et avec sa netteté habituelle, il résuma la situation. Silas Toronthal se contentait d’écouter. Il ne pouvait qu’approuver, d’ailleurs, tant les dires de son ancien complice étaient dictés par une indiscutable logique.

« Il ne faut plus compter que Sava consente jamais, volontairement du moins, à ce mariage, dit-il. Mais pour les motifs que nous connaissons, plus que jamais aussi il faut que ce mariage se