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mathias sandorf.

voisines, s’étageaient d’autres habitations d’allure plus indépendante, quelques villas, un petit hôpital, en une zone plus élevée de l’air, où le docteur, l’unique médecin de la colonie, comptait envoyer ses malades quand il en aurait. Puis, le long des pentes qui descendaient à la mer, d’autres jolies maisons formaient une station balnéaire. Entre autres, une des plus confortables, mais trapue comme un petit blockhaus, près de la porte du môle, aurait pu s’appeler Villa Pescade et Matifou. C’était là, en effet, qu’avaient été installés les deux inséparables, avec un saïs affecté à leur service particulier. Non ! jamais ils n’eussent osé rêver une fortune pareille !

« On est bien ici ! répétait sans cesse Cap Matifou.

— Trop bien, répondait Pointe Pescade, et c’est au-dessus de notre condition ! Vois-tu, Cap Matifou, il faudrait nous instruire, aller au collège, remporter des prix de grammaire, obtenir nos brevets de capacité !

— Mais tu es instruit, Pointe Pescade ! répliquait l’Hercule. Tu sais lire, écrire, compter… »

En effet, auprès de son camarade, Pointe Pescade eût passé pour un homme de science ! En réalité, le pauvre garçon ne savait que trop tout ce qui lui manquait. Où et quand l’eût-il appris, lui qui n’avait