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sur les parages de malte.

Pendant ces premières heures, la sortie du golfe de la Sidre s’accomplit dans d’assez bonnes conditions. Bien que le vent fût contraire, — une brise de nord-ouest assez fraîche, — le capitaine put imprimer au Ferrato une remarquable vitesse ; mais il lui fût impossible d’utiliser sa voilure, focs, trinquettes, voiles carrées du mât de misaine, voiles auriques du grand mât et de l’artimon.

Durant la nuit, le docteur et Pierre, dans les deux chambres contiguës qu’ils occupaient à bord, Pointe Pescade et Cap Matifou, dans leurs cabines de l’avant, purent reposer, sans s’inquiéter des mouvements du steam-yacht, qui roulait passablement comme tous les bons marcheurs. Pour être véridique, il faut dire que, si le sommeil ne manqua point aux deux amis, le docteur et Pierre, en proie aux plus vives inquiétudes, prirent à peine quelque repos.

Le lendemain, lorsque les passagers montèrent sur le pont, plus de cent vingt milles avaient été enlevés en ces douze heures depuis le départ d’Antékirtta. La brise venait de la même direction avec une tendance à fraîchir. Le soleil s’était levé sur un horizon orageux, et l’atmosphère, déjà lourde, laissait présager une lutte prochaine des éléments.