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mathias sandorf.

Mme Bathory et Borik, à cette réponse si inattendue, tressaillirent ; mais le docteur se hâta d’ajouter :

« Cependant, madame, ce récit que je vous ai priée de ne pas me faire, il faut, moi, que je vous le fasse, car, s’il est des choses que vous connaissez, il en est d’autres qui vous sont inconnues, et celles-là, vous ne devez pas les ignorer plus longtemps.

— Soit, monsieur, je vous écoute, répondit Mme Bathory.

— Madame, reprit le docteur Antékirtt, il y a quinze ans, trois nobles hongrois se firent les chefs d’une conspiration, qui avait pour but de rendre à la Hongrie son ancienne indépendance. Ces hommes étaient le comte Mathias Sandorf, le professeur Étienne Bathory, le comte Ladislas Zathmar, trois amis confondus depuis longtemps dans la même espérance, trois êtres vivant du même cœur.

« Le 8 juin 1867, la veille du jour où allait être donné le signal du soulèvement, qui devait s’étendre dans tout le pays hongrois et jusqu’en Transylvanie, la maison du comte Zathmar, à Trieste, dans laquelle se trouvaient les chefs de la conspiration, fut envahie par la police autrichienne. Le comte Sandorf et ses deux compagnons furent saisis, emmenés, emprisonnés, la nuit même, dans le