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mathias sandorf.

son fils, ni Borik, retenu dans la prison de Trieste, n’avaient pu assister les condamnés à leurs derniers moments.

« Ne pourra-t-on jamais savoir le nom de ces misérables ? demanda Mme Bathory.

— Madame, répondit le docteur Antékirtt, les traîtres finissent toujours par se trahir ! — Voici, maintenant, ce que je dois ajouter pour compléter mon récit.

« Vous étiez restée veuve, avec un jeune enfant de huit ans, à peu près sans ressources. Borik, le serviteur du comte Zathmar, ne voulut pas vous abandonner après la mort de son maître ; mais il était pauvre et n’avait que son dévouement à vous apporter.

« Alors, madame, vous avez quitté Trieste pour venir occuper ce modeste logement à Raguse. Vous avez travaillé, travaillé de vos mains, afin de subvenir aux besoins de la vie matérielle comme aux besoins de la vie morale. Vous vouliez, en effet, que votre fils suivît, dans la science, le chemin qu’avait illustré son père. Mais que de luttes incessamment subies, que de misères courageusement supportées ! Et avec quel respect je m’incline devant la noble femme qui a montré tant d’énergie, devant la mère, dont les soins ont fait de son fils un homme ! »