Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

29
divers incidents.

— Pas le sou !… C’est moi, Pescade, qui lui donne son prêt tous les dimanches !

— Mais d’où vient-il ?

— D’un pays dont personne ne sait le nom !

— Et où est-il situé, ce pays-là ?

— Tout ce que je puis dire, c’est qu’il est borné, au nord, par pas grand chose, et, au sud, par rien du tout ! »

Impossible de tirer d’autres renseignements du joyeux compagnon de Cap Matifou, qui, lui, demeurait muet comme un bloc de granit.

Mais, s’ils ne répondaient point à ces indiscrètes demandes des reporters, les deux amis ne laissaient pas de causer entre eux, — et souvent, — à propos de leur nouveau maître. Ils l’aimaient déjà et ils l’aimaient bien. Ils ne demandaient qu’à se dévouer pour lui. Entre eux et le docteur, il se faisait comme une sorte d’affinité chimique, une cohésion, qui, de jour en jour, les liait davantage.

Et, chaque matin, ils s’attendaient à être mandés dans sa chambre pour s’entendre dire :

« Mes amis, j’ai besoin de vous ! »

Mais rien ne venait — à leur grand ennui.

« Est-ce que cela va durer longtemps ainsi ? dit un jour Pointe Pescade. Il est dur de rester à ne rien faire, surtout quand on n’a pas été élevé à cela, mon Cap !