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mathias sandorf.

se retrouver en présence du docteur. Une consultation demandée, une visite à faire, celui-ci ne s’y refuserait pas, sans doute, — ne fût-ce que par humanité.

Silas Toronthal écrivit donc une lettre qu’il fit porter à bord de la Savarèna par un de ses gens. « Il serait heureux, disait-il, d’avoir l’avis d’un médecin d’un si incontestable mérite. » Puis, tout en s’excusant du trouble que cela pouvait apporter dans une existence aussi retirée que la sienne, il priait le docteur Antékirtt « de lui indiquer le jour où il devrait l’attendre à l’hôtel du Stradone. »

Le lendemain, lorsque le docteur reçut cette lettre, dont il regarda tout d’abord la signature, pas un muscle de sa face ne tressaillit. Il la lut jusqu’à la dernière ligne, sans que rien trahît la nature des réflexions qu’elle devait lui suggérer.

Quelle réponse allait-il faire ? Profiterait-il de cette occasion qui lui était offerte de pénétrer dans l’hôtel Toronthal, de se mettre en rapport avec la famille du banquier ? Mais, entrer dans cette maison, même à titre de médecin, n’était-ce pas y venir dans des conditions qui ne pouvaient aucunement lui convenir ?

Le docteur n’hésita pas. Il répondit par un simple billet qui fut remis au domestique du banquier. Ce billet ne contenait que ceci :