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divers incidents.

qu’irrité des façons d’agir de Silas Toronthal, il continua sa route d’un pas moins rapide, sans se retourner.

La Marocaine le suivit de loin, et on eût pu l’entendre murmurer ces mots en langue arabe :

« Il est temps qu’il vienne ! »

Un quart d’heure après, Pierre arrivait sur les quais du port de Gravosa. Pendant quelques instants, il s’arrêta pour regarder l’élégante goélette, dont le guidon se développait légèrement à la brise de mer, en tête du grand mât.

« D’où peut venir ce docteur Antékirtt ? se répétait-il. Voilà un pavillon qui m’est inconnu ! »

Puis, s’adressant à un pilote qui se promenait sur le quai :

« Mon ami, savez-vous quel est ce pavillon ? » lui demanda-t-il.

Le pilote ne le connaissait pas. Tout ce qu’il pouvait dire de la goélette, c’est que sa patente portait qu’elle venait de Brindisi, et que ses papiers, visités par l’officier de port, avaient été trouvés en règle. Or, comme il s’agissait d’un yacht de plaisance, l’autorité avait respecté son incognito.

Pierre Bathory appela alors une embarcation et se fit conduire à bord de la Savarèna, pendant que la Marocaine, extrêmement surprise, le regardait s’éloigner.