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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/175

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une poignée de main de cap matifou.

d’une population de quelques milliers d’habitants, parmi lesquels domine l’élément indigène.

Quelque désir qu’eût le docteur Antékirtt de demander où était la maison de Namir et de s’y faire conduire à l’instant, il y résista. Il importait d’agir avec une extrême prudence. Un enlèvement pouvait présenter des difficultés sérieuses dans les conditions où devait se trouver Sava. Toutes les raisons pour et contre avaient été sérieusement examinées. Peut-être y aurait-il même lieu de racheter à n’importe quel prix la liberté de la jeune fille ? Mais il fallait que le docteur et Pierre se gardassent bien de se faire connaître, — surtout de Sarcany, qui était peut-être à Tétuan. Entre ses mains, Sava devenait, pour l’avenir, une garantie dont il ne se dessaisirait pas facilement. Or, on n’était pas ici dans un de ces pays civilisés de l’Europe, où la justice et la police eussent pu utilement intervenir. En cette contrée à esclaves, comment prouver que Sava n’était pas la légitime propriété de la Marocaine ? Comment prouver qu’elle était la fille du comte Sandorf, en dehors de la lettre de Mme Toronthal et de l’aveu du banquier ? Elles sont soigneusement fermées, peu abordables, ces maisons des villes arabes ! On n’y peut pénétrer facilement. L’intervention d’un cadi risquait même d’être inefficace, en admettant qu’elle fût obtenue.