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mathias sandorf.

« Mais, ajouta-t-il, la surveillance des condamnés doit souvent vous causer quelque souci !

— Et pourquoi, mon cher docteur ?

— Parce qu’ils doivent chercher à s’évader. Or, comme tout prisonnier pense plus à prendre la fuite que ses gardiens ne pensent à l’en empêcher, il s’ensuit que l’avantage est au prisonnier, et je ne serais pas surpris qu’il en manquât quelquefois à l’appel du soir ?

— Jamais, répondit le gouverneur, jamais ! Où iraient-ils, ces fugitifs ? Par mer, l’évasion est impossible ! Par terre, au milieu de ces populations sauvages du Maroc, elle serait dangereuse ! Aussi nos déportés restent-ils au préside, sinon par plaisir, du moins par prudence !

— Soit, répondit le docteur, et il faut vous en féliciter, monsieur le gouverneur, car il est à craindre que la garde des prisonniers ne devienne de plus en plus difficile à l’avenir !

— Pour quelle raison, s’il vous plaît ? demanda un des convives que cette conversation intéressait d’autant plus particulièrement qu’il était directeur du pénitencier.

— Eh ! monsieur, répondit le docteur, parce que l’étude des phénomènes magnétiques a fait de grands progrès, parce que ses procédés peuvent