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mathias sandorf.

où il lui plaira, il l’obligera à lui ouvrir la porte de sa prison quand il lui en suggérera l’idée.

— Sans doute, répondit le directeur, mais à la condition de l’avoir préalablement endormi…

— En cela vous vous trompez, monsieur, reprit le docteur. Tous ces actes pourront s’accomplir même dans l’état de veille, et sans que ce gardien en ait conscience !

— Quoi, vous prétendez ?…

— Je prétends ceci et je l’affirme : sous cette influence, un prisonnier peut dire à son gardien : « Tel jour, à telle heure, tu feras telle chose », et il la fera ! « Tel jour, tu m’apporteras les clefs de ma cellule », et il les apportera ! « Tel jour tu ouvriras la porte du préside », et il l’ouvrira ! « Tel jour, je passerai devant toi, et tu ne me verras pas passer ! »

— Étant éveillé !…

— Absolument éveillé !… »

À cette affirmation du docteur, un mouvement d’incrédulité, peu dissimulé, se fit dans toute l’assistance.

« Rien n’est plus certain, cependant, dit alors Pierre Bathory, et moi-même, j’ai été témoin de pareils faits.

— Ainsi, dit le gouverneur, on peut supprimer la matérialité d’une personne aux regards d’une autre ?