pouvant d’un mot m’empêcher d’atteindre mon but !… Jamais !… Si demain le jeu ne nous a pas rendu ce qu’il nous a pris, je saurai bien l’obliger à me suivre !… Oui !… à me suivre jusqu’à Tétuan, et là, sur cette côte du Maroc, qui s’inquiétera de Silas Toronthal, s’il vient à disparaître ? »
On le sait, Sarcany n’était pas homme à reculer devant un crime de plus, surtout quand les circonstances, l’éloignement du pays, la sauvagerie de ses habitants, l’impossibilité de rechercher et de retrouver le coupable, en rendraient l’accomplissement si facile.
Son plan étant combiné de la sorte, Sarcany referma sa fenêtre, se coucha et ne tarda pas à s’endormir, sans que sa conscience eût été troublée d’aucun remords.
Il n’en fut pas ainsi de Silas Toronthal. Le banquier passa une nuit horrible. De sa fortune d’autrefois, que lui restait-il ? À peine deux cent mille francs, épargnés par le jeu, et encore n’en était-il plus le maître ! C’était la mise d’une dernière partie ! Ainsi le voulait son complice, ainsi il le voulait lui-même. Son cerveau affaibli, empli de calculs chimériques, ne lui permettait plus de raisonner froidement ni juste. Il était même incapable, — en ce moment, du moins, — de se rendre compte de