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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/87

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le dernier enjeu.

Une heure après, les salons étaient remplis. On y causait, surtout de cette passe extraordinaire, mais généralement à voix basse. Rien de lugubre, en somme, comme ces immenses salles, malgré la prodigalité des dorures, la fantaisie de l’ornementation, le luxe de l’ameublement, la profusion des lustres qui versent à flots la lumière du gaz, sans parler de ces longues suspensions, dont les lampes à huile, aux abat-jour verdâtres, éclairent plus spécialement les tables de jeu. Ce qui domine, malgré l’affluence du public, ce n’est pas le bruit des conversations, c’est le tintement des pièces d’or et d’argent, comptées ou lancées sur les tapis, c’est le froissement des billets de banque, c’est l’incessant : « Rouge gagne et couleur » — ou « dix-sept, noir, impair et manque », jetés par la voix indifférente des chefs de parties — tout cela, triste !

Toutefois, deux des perdants, qui comptaient parmi les plus célèbres de la veille, n’avaient pas encore paru dans les salons. Déjà quelques joueurs cherchaient à suivre les chances diverses, à saisir la veine, les uns à la roulette, les autres au trente et quarante. Mais les alternatives de gain et de perte se compensaient, et il ne semblait pas que le « phénomène » de la soirée précédente dût se reproduire.