II
À MORGANTON.
Le 27 avril, parti la veille de Washington, j’arrivai à Raleigh, chef-lieu de l’État de la Caroline du Nord.
Deux jours avant, le directeur général de la police m’avait mandé à son cabinet. Mon chef m’attendait non sans quelque impatience. Voici l’entretien que j’eus avec lui, et qui motiva mon départ :
« John Strock, débuta-t-il, êtes-vous toujours l’agent sagace et dévoué qui, en mainte occasion, nous a donné des preuves de dévouement et de sagacité ?…
— Monsieur Ward, répondis-je en m’inclinant, ce ne serait pas à moi d’affirmer si je n’ai rien perdu de ma sagacité… Mais, quant à mon dévouement, je puis déclarer qu’il vous reste tout entier…
— Je n’en doute pas, reprit M. Ward, et je vous pose seulement cette question plus précise : Êtes-vous toujours l’homme si curieux, si avide de pénétrer un mystère, que j’ai connu jusqu’ici ?…
— Toujours, monsieur Ward.
— Et cet instinct de curiosité ne s’est point affaibli en vous par le constant usage que vous en avez fait ?…
— En aucune façon !
— Eh bien, Strock, écoutez-moi. »
M. Ward, alors âgé de cinquante ans, dans toute la force de