Aller au contenu

Page:Verne - Michel Strogoff - Un drame au Mexique, 1905.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

kibitka n’accosta la rive droite qu’à cinq verstes en aval. C’était, en tout, onze verstes dont elle avait dérivé.

Ces grands cours d’eau du territoire sibérien, sur lesquels aucun pont n’est jeté encore, sont de sérieux obstacles à la facilité des communications. Tous avaient été plus ou moins funestes à Michel Strogoff. Sur l’Irtyche, le bac qui le portait avec Nadia avait été attaqué par les Tartares. Sur l’Obi, après que son cheval eut été frappé d’une balle, il n’avait échappé que par miracle aux cavaliers qui le poursuivaient. En somme, c’était encore ce passage de l’Yeniseï qui s’était opéré le moins malheureusement.

« Cela n’aurait pas été si amusant, s’écria Nicolas en se frottant les mains, lorsqu’il débarqua sur la rive droite du fleuve, si cela n’avait pas été si difficile !

— Ce qui n’a été que difficile pour nous, ami, répondit Michel Strogoff, sera peut-être impossible aux Tartares ! »


CHAPITRE VIII

un lièvre qui traverse la route.


Michel Strogoff pouvait enfin croire que la route était libre jusqu’à Irkoutsk. Il avait devancé les Tartares, retenus à Tomsk, et lorsque les soldats de l’émir arriveraient à Krasnoiarsk, ils ne trouveraient plus qu’une ville abandonnée. Là, aucun moyen de communication immédiat entre les deux rives de l’Yeniseï. Donc, retard de quelques jours, jusqu’au moment où un pont de bateaux, difficile à établir, leur livrerait passage.

Pour la première fois depuis la funeste rencontre d’Ivan Ogareff à Omsk, le courrier du czar se sentit moins inquiet et put espérer qu’aucun nouvel obstacle ne surgirait entre le but et lui.

La kibitka, après être redescendue obliquement vers le sud-est pendant une quinzaine de verstes, retrouva et reprit la longue voie tracée à travers la steppe.

La route était bonne, et même cette portion du chemin, qui s’étend entre Krasnoiarsk et Irkoutsk, est considérée comme la meilleure de tout le parcours. Moins de cahots pour les voyageurs, de vastes ombrages qui les protègent contre les