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même qu’il était reconnu. Il avait entrevu une ombre qui se glissait jusqu’au pied des terrassements.

Sangarre, risquant sa vie, venait essayer de se mettre en communication avec Ivan Ogareff.

D’ailleurs, les assiégés, depuis deux jours, jouissaient d’une tranquillité à laquelle les Tartares ne les avaient point habitués depuis le début de l’investissement.

C’était par ordre d’Ivan Ogareff. Le lieutenant de Féofar-Khan avait voulu que toutes tentatives pour emporter la ville de vive force fussent suspendues. Aussi, depuis son arrivée à Irkoutsk, l’artillerie se taisait-elle absolument. Peut-être — du moins il l’espérait — la surveillance des assiégés se relâcherait-elle ? En tout cas, aux avant-postes, plusieurs milliers de Tartares se tenaient prêts à s’élancer vers la porte dégarnie de ses défenseurs, lorsqu’Ivan Ogareff leur aurait fait connaître l’heure d’agir.

Cela ne pouvait tarder, cependant. Il fallait en finir avant que les corps russes arrivassent en vue d’Irkoutsk. Le parti d’Ivan Ogareff fut pris, et ce soir-là, du haut des glacis, un billet tomba entre les mains de Sangarre.

C’était le lendemain, dans la nuit du 5 au 6 octobre, à deux heures du matin, qu’Ivan Ogareff avait résolu de livrer Irkoutsk.


CHAPITRE XIV

la nuit du 5 au 6 octobre.


Le plan d’Ivan Ogareff avait été combiné avec le plus grand soin, et, sauf des chances improbables, il devait réussir. Il importait que la porte de Bolchaïa fût libre au moment où il la livrerait. Aussi, à ce moment, était-il indispensable que l’attention des assiégés fût attirée sur un autre point de la ville. De là, une diversion convenue avec l’émir.

Cette diversion devait s’opérer du côté du faubourg d’Irkoutsk, en amont et en avant du fleuve, sur sa rive droite. L’attaque sur ces deux points serait très-sérieusement conduite, et, en même temps, une tentative de passage de l’Angara serait feinte sur la rive gauche. La porte de Bolchaïa serait donc probablement abandonnée, d’autant plus que, de ce côté, les avant-postes tartares, reportés en arrière, sembleraient avoir été levés.