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palais du gouverneur général. Une importante dépêche, arrivée de Moscou, disait-on, motivait ce déplacement.

Le maître de police se rendit donc au palais du gouverneur, et aussitôt, comme par un pressentiment général, la nouvelle circula que quelque mesure grave, en dehors de toute prévision, de toute habitude, allait être prise.

Michel Strogoff écoutait ce qui se disait, afin d’en profiter, le cas échéant.

« On va fermer la foire ! s’écriait l’un.

— Le régiment de Nijni-Novgorod vient de recevoir son ordre de départ ! répondait l’autre.

— On dit que les Tartares menacent Tomsk !

— Voici le maître de police ! » cria-t-on de toutes parts.

Un fort brouhaha s’était élevé subitement, qui se dissipa peu à peu, et auquel succéda un silence absolu. Chacun pressentait quelque grave communication de la part du gouvernement.

Le maître de police, précédé de ses agents, venait de quitter le palais du gouverneur général. Un détachement de Cosaques l’accompagnait et faisait ranger la foule à force de bourrades, violemment données et patiemment reçues.

Le maître de police arriva au milieu de la place centrale, et chacun put voir qu’il tenait une dépêche à la main.

Alors, d’une voix haute, il lut la déclaration suivante :

« ARRÊTÉ DU GOUVERNEUR DE NIJNI-NOVGOROD.

« 1o Défense à tout sujet russe de sortir de la province, pour quelque cause que ce soit.

« 2o Ordre à tous étrangers d’origine asiatique de quitter la province dans les vingt-quatre heures. »