Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mands, des Bretons, puis des Anglais ou des Norvégiens tant qu’on en voulait… Mais un voyageur venu de l’Europe orientale, un Maltais, un Levantin, il y fallait renoncer.

Le 9 de ce mois de février, après son déjeuner pendant lequel il n’avait pas desserré les lèvres, — si ce n’est pour boire et manger, — maître Antifer se livrait à sa promenade habituelle, la promenade de Diogène qui cherchait un homme. S’il ne portait pas une lanterne allumée en plein jour, à l’exemple du plus grand philosophe de l’antiquité, il avait deux bons yeux à prunelle incandescente, qui lui permettraient de reconnaître, et de loin, celui qu’il attendait avec tant d’impatience.

Il prit à travers les étroites rues de la ville, bordées de leurs hautes maisons de granit, pavées de galets aigus. Il descendit par la rue du Bey vers le square Duguay-Trouin, regarda l’heure au cadran de la sous-préfecture, se dirigea vers la place Chateaubriand, contourna le kiosque sous son berceau de platanes sans feuillage, franchit la porte évidée à travers la courtine du rempart, et se trouva sur le quai du Sillon.

Maître Antifer regardait à droite, à gauche,