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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/144

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que peut seul expliquer le fatalisme ottoman.

Cependant elles furent très dures, les années qu’il passa dans cette prison du Caire, toujours au secret, séparé du capitaine Zô, dont la discrétion lui était assurée. Toutefois, huit ans après, en 1842, grâce à la complaisance d’un gardien, il put faire parvenir plusieurs lettres adressées aux quelques personnes envers lesquelles il voulait s’acquitter — une, entre autres, à Thomas Antifer de Saint-Malo. Un pli, contenant ses dispositions testamentaires, arriva également entre les mains de Ben-Omar, qui avait été autrefois son notaire à Alexandrie.

Trois ans plus tard, en 1845, le capitaine Zô étant mort, Kamylk-Pacha restait le seul à connaître le gisement de l’îlot au trésor. Mais sa santé déclinait visiblement, et la rigueur de sa captivité devait abréger une existence qui aurait compté de longues années encore, si elle n’eût été enfermée entre les murs d’une prison. Enfin, l’an 1852, après dix-huit années d’incarcération, oublié de ceux qui l’avaient connu, il mourut à l’âge de soixante-douze ans, sans que ni menaces ni mauvais traitements eussent pu lui arracher son secret.