Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/159

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— Le flot ?… répliqua celui-ci d’un ton rude. Eh bien, moi, c’est le jusant qui va m’emmener et plus vite que ça !

— Tu te prépares à sortir ?…

— Oui, — avec ou sans ta permission, gabarier.

— Où vas-tu ?…

— Où il me convient d’aller.

— Pas ailleurs, c’est entendu, et tu ne veux pas me dire ce que tu as à faire…

— Je vais essayer de réparer une sottise…

— Et risquer de l’aggraver peut-être ? »

Cette réponse, bien qu’elle eût été formulée en thèse générale, ne laissa pas d’inquiéter maître Antifer. Aussi, se décida-t-il à mettre son ami au courant de la situation. Donc, tout en continuant sa toilette, il lui raconta sa rencontre avec Ben-Omar, les tentatives du notaire pour lui arracher sa latitude, et son offre, évidemment fantaisiste, de vendre cinquante millions la lettre de Kamylk-Pacha.

« Il a dû marchander, répondit Gildas Trégomain.

— Il n’en a pas même eu le temps, car je lui ai tourné le dos — en quoi j’ai eu tort.

— C’est mon avis. Ainsi ce notaire est venu