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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/213

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deux ou trois de ces clowns de la mer qui cabriolaient à travers le sillage du Steersman.

Au soir, le navire doubla les extrêmes pointes de la Bretagne. Comme il était engagé dans le canal du Four, couvert par les hauteurs d’Ouessant, la mer ne lui fût pas trop mauvaise, bien qu’il eût le vent debout. Les passagers allèrent se coucher entre huit et neuf heures, laissant le steamer dépasser pendant la nuit la pointe Saint-Mathieu, le goulet de Brest, la baie de Douarnenez, le raz de Sein et mettre le cap au sud-ouest à travers l’Iroise.

Le gabarier rêva qu’il était malade à rendre l’âme. Ce n’était qu’un rêve, heureusement. Le matin venu, quoique le navire roulât d’un bord sur l’autre, tanguant de l’avant vers l’arrière, s’enfonçant dans le creux des lames, puis se relevant sur leur crête pour retomber encore, il n’hésita pas à monter sur le pont. Puisque les hasards de sa destinée lui réservaient de clore sa carrière de marinier par un voyage en mer, c’était le moins qu’il voulût en fixer les diverses éventualités dans sa mémoire.

Le voilà donc apparaissant sur les dernières marches de l’escalier du capot, d’où il émergea