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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/219

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grande affaire, de cet extraordinaire voyage et de ses résultats certains. Maître Antifer avait repris son aplomb moral et physique. Les jambes écartées, le regard défiant l’horizon, il arpentait le pont d’un pied ferme, cherchant, s’il faut tout dire, sur la bonne figure du gabarier, un symptôme de malaise qui s’obstinait à n’y point paraître.

Et alors de lui lancer ces mots :

« Comment trouves-tu l’Océan ?…

— C’est beaucoup d’eau, mon ami.

— Oui… un peu plus que dans ta Rance !…

— Sans doute, mais il ne faudrait pas dédaigner une rivière qui a son charme…

— Je ne la dédaigne pas, gabarier… je la méprise…

— Mon oncle, dit Juhel, on ne doit mépriser personne, et une rivière peut avoir sa valeur…

— Tout comme un îlot ! » ajouta Gildas Trégomain.

Et sur ce mot, maître Antifer de dresser l’oreille, car c’était le toucher à son endroit sensible.

« Certes, s’écria-t-il, il y a des îlots qui méritent d’être mis au premier rang… le mien, par exemple ! »