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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/239

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visites, — et cela ne surprendra pas, étant donnée sa bonne nature. Pour maître Antifer, qui ne pardonnait pas à Ben-Omar d’avoir voulu lui voler sa latitude, il haussait les épaules, lorsque Gildas Trégomain essayait de l’apitoyer sur le malheureux passager.

« Eh bien, gabarier, lui disait-il, en dégonflant sa joue droite pour gonfler sa joue gauche, ton Omar est-il vidé ?…

— À peu près.

— Mes compliments !

— Mon ami… est-ce que tu ne viendras pas le voir… ne fût-ce qu’une fois ?…

— Si, gabarier, si !… J’irai quand il n’en restera plus que la carapace ! »

Allez donc faire entendre raison à un homme qui répond sur ce ton en éclatant de rire !

Toutefois, si le notaire ne fut pas gênant au cours de cette traversée, son clerc Nazim ne laissa pas d’exciter à plusieurs reprises chez maître Antifer une irritation presque justifiée. Ce n’est pas que Nazim lui imposât sa présence… non !… D’ailleurs, pourquoi l’eût-il fait, puisque ni l’un ni l’autre n’auraient pu converser, faute de parler la même langue. Mais le soi-disant clerc était toujours là,