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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/242

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stallés là depuis 1823. La ville actuelle, qui fut d’ailleurs florissante aux onzième et douzième siècles, était tout indiquée pour devenir l’entrepôt du commerce avec l’extrême Orient.

Aden, qui possède trente mille habitants, en comptait trois de plus — et de nationalité française — dans cette même soirée. La France y fut représentée, pendant vingt-quatre heures, par ces aventureux Malouins, et non des moins considérables de l’ancienne Armorique.

Maître Antifer ne jugea point à propos de quitter le bord. Il passa son temps à pester contre cette relâche, dont l’un des plus graves inconvénients fut de permettre au notaire d’apparaître sur le pont de l’Oxus. Dans quel état, grand Dieu ! Il eut à peine la force de se traîner jusqu’à la dunette.

« Eh ! c’est vous, monsieur Ben-Omar ? dit Pierre-Servan-Malo avec un sérieux des plus ironiques. Vrai ! je ne vous aurais pas reconnu !… Jamais vous n’irez jusqu’au bout du voyage !… À votre place… je resterais à Aden…

— Je le voudrais… répondit le malheureux, dont la voix était réduite à un souffle. Quelques jours de repos pourraient me rétablir,