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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/245

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Que de fois il chercha à surprendre quelques mots échangés entre ses compagnons et lui ! Puisqu’il passait pour ne pas comprendre le français, on ne pouvait se défier de sa présence… Tout cela n’avait abouti à rien. Et c’est justement le prétendu clerc qui était tenu, sinon en défiance, du moins en aversion. C’était même de la répulsion que sa personne inspirait. Ce sentiment instinctif, irraisonné, maître Antifer et ses compagnons l’éprouvaient à un degré égal. Ils s’éloignaient à l’approche de Saouk. Celui-ci ne s’en apercevait que trop.

L’Oxus relâcha une douzaine d’heures à Birbat, sur la côte arabe, dans la journée du 19 mars. Puis, à partir de ce point, il commença à prolonger la terre d’Oman, afin de remonter vers Mascate. Deux jours encore, il aurait doublé le cap Ras-el-Had. Vingt-quatre heures plus tard, il aurait atteint la capitale de l’imanat. Maître Antifer serait au terme de son voyage.

Il était temps, d’ailleurs. À mesure que le but s’approchait, le Malouin devenait plus nerveux, plus insociable. Toute sa vie se concentrait vers cet îlot tant désiré, cette mine