Aller au contenu

Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’étaient élancés sur les bastingages, et regardaient vers l’ouest. Le capitaine, sa lunette en bandoulière, saisit les haubans du grand mât, gravit lestement les enfléchures, se mit à cheval sur les barres au point d’amure de la voile de flèche, et, l’oculaire à l’œil, fouilla l’horizon à l’endroit indiqué.

La vigie n’avait point fait erreur. À une distance de six à sept milles, émergeait une sorte d’îlot, dont les linéaments se profilaient en noir sur les extrêmes colorations du ciel. On eût dit d’un écueil, de médiocre altitude, que couronnait une buée de vapeurs sulfureuses. Cinquante ans plus tard, un marin eût assuré que c’était la fumée d’un grand steamer passant au large. Mais, en 1831, on n’imaginait guère que les océans seraient un jour sillonnés par ces énormes engins de navigation.

Du reste, le capitaine n’eut que le temps de voir, non celui de réfléchir. L’îlot signalé s’effaça presque aussitôt derrière les brumes du soir. N’importe, il avait été vu, bien vu. À cet égard, aucun doute n’était permis.

Le capitaine redescendit sur la dunette, et le personnage que cet incident avait tiré de sa