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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/271

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voyaient de cette ville restée si orientale. Aussi s’étaient-ils arrêtés devant les magasins où s’entassaient les marchandises de toutes sortes, des turbans, des ceintures, des manteaux de laine, des toiles écrues de coton, de ces jarres qu’on appelle « mertaban », et dont le coloriage resplendit sous leur émail. À la vue de ces belles choses, Juhel songeait au plaisir que sa chère Énogate aurait à les posséder. Quel souvenir ce serait pour elle de ce voyage survenu si mal à propos ! Et ces bijoux, curieusement travaillés, ces riens d’une valeur artistique, ne serait-elle pas plus heureuse en les recevant de son fiancé, oui !… plus heureuse qu’en se parant des diamants de son oncle ?

C’était aussi l’idée de Gildas Trégomain, et il disait à son jeune ami :

« Nous achèterons ce collier pour la petite, et tu le lui donneras au retour.

— Au retour ! répondit Juhel en soupirant.

— Et aussi cette bague qui est si jolie… que dis-je, une bague… dix bagues… une à chacun de ses doigts…

— À quoi pense-t-elle, ma pauvre Énogate ? murmurait Juhel.