Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/277

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en vain songé à utiliser un véhicule quelconque, fût-ce une charrette rudimentaire. Comment le véhicule eût-il roulé sur un sol cahoteux, dépourvu de routes frayées, marécageux parfois, comme le sont ces prairies humides auxquelles on donne le nom de « mauves » ? Tout le monde était monté selon sa convenance.

Deux mulets de moyenne taille, vigoureux et ardents, portaient l’oncle et le neveu. Les loueurs de Mascate, des juifs très entendus en affaires, leur avaient fourni ces montures habituées au train des caravanes, — à un bon prix, cela va sans dire. Maître Antifer devait-il regarder à quelques centaines de pistoles de plus ou de moins ? Non, évidemment. Toutefois, pour n’importe quelle somme, on ne put trouver un mulet dont la solidité fût en rapport avec le poids de Gildas Trégomain. Sous cette masse humaine, pendant un trajet de cinquante lieues, aucun représentant de la race mulassière n’eût été en état de résister. De là, nécessité de se pourvoir d’un animal plus robuste pour le service de l’ex-patron de la Charmante-Amélie.

« Sais-tu que tu es embarrassant, gabarier ?