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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/322

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capricieux astre s’obstinerait à ne point paraître.

Aussi maître Antifer, se promenant sur le pont de la Berbera en proie à une agitation fébrile, regardait-il plutôt le ciel qu’il ne regardait la mer. Ce n’était pas un îlot qu’il cherchait à l’horizon, c’était le soleil au milieu des brumes du levant.

Assis près du couronnement, le gabarier hochait la tête en signe de désappointement. Juhel, accoudé à sa droite, marquait sa contrariété par une moue significative. Des retards… encore des retards… Ce voyage n’en finirait donc pas ?… Et à des centaines et des centaines de lieues de là, dans sa petite maison de Saint-Malo, il croyait voir la chère Énogate attendant une lettre qui ne pouvait lui être parvenue…

« Enfin… s’il ne se montre pas, ce soleil ?… demanda le gabarier.

— Il me sera impossible d’opérer, répondit Juhel.

— À défaut du soleil, est-ce qu’on ne peut pas calculer d’après la lune ou les étoiles ?…

— Sans doute, monsieur Trégomain, mais la lune est nouvelle, et quant aux étoiles, je