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aux tentatives de l’Europe occidentale pour asservir les populations du Levant serait plus tenace chez le sultan Mahmoud que chez Méhémet-Ali, se jeta-t-il corps et âme dans la lutte. Né en 1780, d’une famille de soldats, à peine avait-il vingt ans, quand il s’engagea dans l’armée de Djezzar, où il acquit promptement par son courage le titre et le grade de pacha. En 1799, il risqua cent fois sa liberté, sa fortune, sa vie, en se battant contre les Français sous les ordres de Bonaparte, aidé des généraux Kléber, Régnier, Lannes, Bon et Murat. Après la bataille d’El-Arish, fait prisonnier avec les Turcs, il eût pu redevenir libre, s’il avait voulu souscrire l’engagement de ne plus s’armer contre les soldats de la France. Mais, résolu à lutter jusqu’au bout, comptant sur un invraisemblable retour de la fortune, opiniâtre dans ses actes comme il l’était dans ses idées, il refusa de donner sa parole. Il parvint à s’échapper, et on le retrouva plus acharné que jamais dans les diverses rencontres qui marquèrent les conflits des deux races.

Après la reddition de Jaffa, le 6 mars, il fut de ceux que la capitulation livra sous promesse d’avoir la vie sauve. Lorsque ces pri-