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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/87

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Tel était Gildas Trégomain, un de ces hommes obligeants dont on dit : Venez à midi, venez à deux heures, vous les trouverez toujours prêts à rendre service ! C’était, aussi, une sorte de rocher inébranlable contre lequel se fatiguaient en vain les houles de maître Antifer. On l’envoyait chercher, quand son voisin avait sa figure de vent de su-surouêt, et il venait s’offrir aux coups de mer de ce tumultueux personnage.

Aussi, l’ex-patron de la Charmante-Amélie était-il adoré dans la maison, de Nanon qui s’en faisait un rempart, de Juhel qui lui vouait une amitié filiale, d’Énogate qui ne se gênait point pour embrasser ses deux joues rebondies et son front que ne sillonnait aucune ride — signe indiscutable d’un tempérament calme et conciliant, au dire des physionomistes.

Donc ce soir-là, vers quatre heures et demie, le gabarier monta l’escalier de bois qui conduisait à la chambre du premier étage, les marches craquant sous sa pesante allure. Puis, poussant la porte, il se trouva en présence de maître Antifer.