Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pressa doucement entre le pouce et l’index de sa large main.

« Eh !… Pas si fort, que diable ! Tu serres toujours trop !

— Excuse-moi… Je ne l’ai point fait exprès…

— Eh bien, il n’aurait plus manqué que cela ! »

Puis, d’un geste, maître Antifer invita Gildas Trégomain à s’asseoir devant la table au milieu de la chambre.

Le gabarier obéit et s’installa sur la chaise, les jambes arquées, les pieds en dehors bien assujettis dans des souliers sans talons, son vaste mouchoir étalé sur ses genoux, un mouchoir de cotonnade à fleurettes bleues et rouges, orné d’une ancre à chaque angle.

Cette ancre avait le privilège de provoquer chez maître Antifer un fort haussement d’épaules… Une ancre à un gabarier !… Pourquoi pas un mât de misaine, un grand mât et un mât d’artimon à une gabare !

« Tu prendras un cognac, patron ? dit-il en avançant deux verres et un flacon.

— Tu sais, mon ami, que je ne prends jamais rien. »