Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/91

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commandation de mon père à son lit de mort, qu’en fais-tu ?… C’est pourtant sacré, ces choses-là !

— Il est fâcheux, répondit Gildas Trégomain, que le brave homme n’en ait pas dit plus long…

— S’il n’en a pas dit plus long, c’est qu’il n’en savait pas plus long !… Mille noms du diable, est-ce que j’arriverai, moi aussi, à mon dernier jour sans en avoir su davantage ? »

Gildas Trégomain fut sur le point de répondre que cela était infiniment probable… et même désirable. Il se retint, cependant, afin de ne point surexciter son bouillant contradicteur.

Voici, d’ailleurs, ce qui était advenu quelques jours avant que Thomas Antifer eût passé de vie à trépas.

C’était en l’an 1854 — une année que le vieux marin ne devait pas achever en ce bas monde. Aussi, se sentant très malade, crut-il devoir confier à son fils une histoire dont il lui avait été impossible de pénétrer le mystère.

Cinquante-cinq ans auparavant, — en 1799, — alors qu’il naviguait au commerce dans les Échelles du Levant, Thomas Antifer courait