Aller au contenu

Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assez large de bau, et tirait peu d’eau en vue de lui faciliter les accostages sur les bas-fonds. Il mâtait deux mâts très écartés l’un de l’autre, portant des voiles carrées, car un bâtiment de ce genre ne marche bien que vent arrière, et s’il ne va pas vite, du moins est-il construit pour naviguer sans danger en vue des côtes.

Au surplus, le temps était favorable. Au Loango, ainsi qu’en tout ce territoire des Guinées, la saison des pluies, qui commence en septembre, finit en mai sous l’influence des vents venus du nord-ouest. En revanche, s’il fait beau de mai à septembre, quelle insoutenable chaleur, à peine tempérée par la rosée abondante des nuits ! Depuis leur débarquement, nos voyageurs, fondaient, maigrissaient à vue d’œil. Plus de trente-quatre degrés centigrades à l’ombre ! En ces pays-là, à en croire certains explorateurs peu dignes de foi, qui doivent être originaires des Bouches-du-Rhône ou de la Gascogne, les chiens sont obligés de sauter sans cesse, afin de ne pas se brûler les pattes sur un sol incandescent, et on trouve des sangliers tout cuits dans leur bauge ! Gildas Trégomain n’était pas éloigné d’accepter ces histoires pour vraies…