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Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/313

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sa chambre, où il broyait du noir et aussi un nombre incalculable de cailloux, toujours en proie à une sourde colère qui risquait d’éclater au moindre propos.

La cérémonie nuptiale s’accomplit sans qu’on eût pu le décider à y assister. Les sollicitations de Gildas Trégomain avaient été vaines, et il ne s’était pas gêné pour lui dire :

« Tu as tort, mon ami !

— Soit.

— Tu fais de la peine à ces enfants… Je te demande…

— Et moi je te prie de me ficher la paix, gabarier ! »

Enfin Énogate et Juhel furent mariés, et, au lieu de deux chambres dans la maison de la rue des Hautes-Salles, ils n’en eurent plus qu’une seule. Lorsqu’ils la quittaient, c’était pour aller passer, avec Nanon, quelques bonnes heures chez le meilleur des hommes, leur ami Trégomain. Là, le plus souvent, on causait de maître Antifer, on s’affligeait de le voir dans cet état d’irritation et d’accablement. Il ne sortait plus, il ne frayait avec personne. Finies, les promenades quotidiennes sur les