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révélations.

franchit les bureaux, elle passa au milieu des commis, qui n’eurent pas le temps de l’arrêter, elle poussa la porte du cabinet où se trouvait l’armateur.

Tout d’abord, M. William Andrew fut stupéfait de voir entrer Mrs. Branican, puis épouvanté en observant ses traits décomposés, son effroyable pâleur.

Et, avant qu’il eût pu lui adresser la parole :

« Je sais… je sais !… s’écria-t-elle. Vous m’avez trompée !… Pendant quatre ans, j’ai été folle !…

— Ma chère Dolly… calmez-vous !

— Répondez !… Le Franklin ?… Voilà quatre ans qu’il est parti, n’est-ce pas ?… »

M. William Andrew baissa la tête.

« Vous n’en avez plus de nouvelles… depuis quatre ans… depuis quatre ans ?… »

M. William Andrew se taisait toujours.

« On considère le Franklin comme perdu !… Il ne reviendra plus personne de son équipage… et je ne reverrai jamais John ! »

Des larmes furent la seule réponse que put faire M. William Andrew.

Mrs. Branican tomba brusquement sur un fauteuil… Elle avait perdu connaissance.

M. William Andrew appela une des femmes de la maison qui s’empressa de porter secours à Dolly. L’un des commis fut aussitôt expédié chez le docteur Brumley, qui demeurait dans le quartier, et qui se hâta de venir.

M. William Andrew le mit au courant. Par une indiscrétion ou par un hasard, il ne savait, Mrs. Branican venait de tout apprendre. Était-ce à Prospect-House ou bien dans les rues de San-Diégo, peu importait ! Elle savait, à présent ! Elle savait que quatre ans s’étaient écoulés depuis la mort de son enfant, que pendant quatre ans elle avait été privée de raison, que quatre ans s’étaient passés sans qu’on eût reçu aucune nouvelle du Franklin

Ce ne fut pas sans peine que le docteur Brumley parvint à ranimer