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encore un an.

voulait croire que le maître devait réussir là où d’autres avaient échoué.

Cependant, ainsi que l’avait fait observer le capitaine Ellis — et bien que la conviction de Mrs. Branican fût à ce sujet — il fallait obtenir cette certitude que l’épave rapportée par le Californian avait appartenu au Franklin.

Expédiée, ainsi qu’il a été dit, sur la demande de M. William Andrew, cette épave arriva à San-Diégo par chemin de fer, et fut aussitôt transportée aux chantiers de la marine. Là on la soumit à l’examen de l’ingénieur et des contremaîtres qui avaient dirigé la construction du Franklin.

Le débris, rencontré par l’équipage du Californian au large de l’île Melville, à une dizaine de milles de la côte, était un morceau d’étrave, ou plutôt de cette guibre sculptée qui figure ordinairement à la proue des navires à voiles. Ce fragment de bois avait été très détérioré, non par un long séjour dans l’eau, mais parce qu’il avait été exposé aux intempéries de l’air. De là cette conclusion qu’il avait dû demeurer longtemps sur les récifs contre lesquels s’était brisé le navire, puis qu’il s’en était détaché pour une cause quelconque — probablement sous l’action d’un courant — et qu’il allait en dérive depuis plusieurs mois ou plusieurs semaines, lorsqu’il avait été aperçu par les matelots du Californian. Quant à ce navire, était-ce celui du capitaine John ?… Oui, car les débris de sculpture, reconnus sur ce fragment, ressemblaient à ceux qui ornaient le guibre du Franklin.

C’est, en effet, ce qui fut établi à San-Diégo. À cet égard, il n’y eut aucun doute de la part des constructeurs. Le bois de teck, employé pour cette guibre, provenait bien des réserves du chantier. On releva même la trace d’une armature en fer, qui reliait la guibre à l’extrémité de l’étrave, et les restes d’une couche de peinture rouge, à filet d’or, sur le rinceau dessiné à l’avant.

Ainsi, l’épave rapportée par le Californian appartenait sans conteste au navire de la maison Andrew, vainement recherché dans le bassin de la Malaisie.