nulle part les restes d’un naufrage, et aucune épave ne fut rencontrée.
Voilà où en était l’expédition à la date du 3 novembre. Quel parti allait prendre le capitaine Ellis ? Considérait-il sa mission comme terminée — du moins en ce qui concernait le littoral australien, les îles et îlots qui en dépendent ? Devait-il songer au retour, après avoir exploré les petites îles de la Sonde, dans la partie septentrionale de la mer de Timor ? En un mot, avait-il conscience d’avoir fait tout ce qu’il était humainement possible de faire ?
Ce brave marin hésitait, on le comprend, à se tenir quitte de sa tâche même en l’ayant poursuivie jusqu’aux rivages de l’Australie.
Un incident vint mettre un terme à ses hésitations.
Dans la matinée du 4 novembre, il se promenait avec Zach Fren à l’arrière du steamer, lorsque le maître lui montra quelques objets qui flottaient à un demi-mille du Dolly-Hope. Ce n’étaient point des morceaux de bois, des fragments de bordages ou des troncs d’arbres, mais d’énormes paquets d’herbes, sortes de sargasses jaunâtres arrachées des profondeurs sous-marines, et qui suivaient les contours de la haute terre.
« Voilà qui est singulier, fit observer Zach Fren. Que je perde mon nom, si ces herbes ne remontent pas de l’ouest et même du sud-ouest ! Il y a certainement un courant qui les porte du côté du détroit ?
— Oui, répondit le capitaine Ellis, et ce doit être un courant local, qui se dirige à l’est, à moins qu’il n’y ait là qu’un déplacement de marée.
— Je ne crois pas, capitaine, répondit Zach Fren, car, au petit jour — cela me revient en ce moment — j’ai déjà vu quantité de ces sargasses dérivant vers l’amont.
— Maître, vous êtes certain du fait ?…
— Comme je suis certain que nous finirons par retrouver le capitaine John !