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mistress branican.

plus de broussailles que d’arbrisseaux. D’où sortait ce creek, dont le lit, visible sur une partie de son cours, sinuait à travers les pentes du plateau ? S’alimentait-il à quelque source intérieure ? C’est ce qu’il eût été malaisé de reconnaître, bien que la vue s’étendît jusqu’au mât de signal.

De la crête du morne, le capitaine Ellis et ses hommes regardèrent en toutes directions. Aucune fumée ne se déroulait dans l’air, aucun être humain ne se montrait. Il s’ensuivait dès lors que, si l’île Browse avait été habitée — et nul doute à cela — il était peu probable qu’elle le fût actuellement.

« Triste abri pour des naufragés ! dit alors le capitaine Ellis. Si leur séjour s’y est prolongé longtemps, je me demande comment ils ont pu y vivre !

— Oui… répondit Zach Fren, ce n’est qu’un plateau presque nu. Çà et là, un maigre bouquet d’arbres… C’est à peine si la roche y est recouverte de terre végétale… Mais enfin, il ne faut pas être difficile quand on a fait naufrage !… Un morceau de roche sous le pied, ça vaut toujours mieux qu’un trou avec de l’eau par-dessus la tête !

— Au premier moment, oui ! dit le capitaine Ellis, mais après !…

— D’ailleurs, fit observer Zach Fren, il est possible que les naufragés qui s’étaient réfugiés sur cette île aient été promptement recueillis par quelque bâtiment…

— Comme il est également possible, maître, qu’ils aient succombé aux privations…

— Et qui vous le fait penser, capitaine ?

— C’est que, s’ils avaient pu quitter l’île d’une façon ou d’une autre, ils auraient pris la précaution d’abattre ce mât de signal. Il est à craindre que le dernier de ces malheureux ne soit mort avant d’avoir pu être secouru. Au surplus, dirigeons-nous vers ce mât. Peut-être trouverons-nous là quelque indice sur la nationalité du navire qui s’est perdu dans ces parages. »

Le capitaine Ellis, Zach Fren et les deux matelots redescendirent