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mistress branican.

montrer l’île Browse, ce point à peine perceptible, perdu dans les parages que battent les typhons de l’océan Indien.

« Et, en y arrivant quelques années plus tôt, ajouta le capitaine Ellis, peut-être eût-on trouvé encore vivants… John… ses compagnons…

— Oui, peut-être, murmura M. William Andrew, et c’était là qu’il eût fallu conduire le Dolly-Hope à sa première campagne !… Mais qui aurait jamais pensé que le Franklin fût allé se perdre sur une île de l’océan Indien ?…

— On ne le pouvait pas, répondit le capitaine Ellis, d’après la route qu’il devait suivre, et qu’il a effectivement suivie, puisque le Franklin a été vu au sud de l’île Célèbes !… Le capitaine John, n’étant plus maître de son bâtiment, aura été entraîné à travers les détroits de la Sonde dans la mer de Timor et poussé jusqu’à l’île Browse ?

— Oui, et il n’est pas douteux que les choses se soient passées ainsi ! répondit Zach Fren.

— Capitaine Ellis, dit alors Mrs. Branican, en cherchant le Franklin dans les mers de la Malaisie, vous avez agi comme vous deviez agir… Mais c’est à l’île Browse qu’il aurait fallu aller d’abord !… Oui !… c’était là ! »

Puis, prenant part à la conversation, et voulant en quelque sorte appuyer sur des chiffres certains sa ténacité à conserver une dernière lueur d’espoir :

« À bord du Franklin, dit-elle, il y avait le capitaine John, le second, Harry Felton, et douze matelots. Vous avez retrouvé sur l’île les restes des quatre hommes, qui avaient été enterrés, et le dernier mort au pied du mât de signal. Que pensez-vous que soient devenus les neuf autres ?

— Nous l’ignorons, répondit le capitaine Ellis.

— Je le sais, reprit Mrs. Branican, en insistant, mais je vous demande : Que pensez-vous qu’ils aient pu devenir ?

— Peut-être ont-ils péri pendant que le Franklin se fracassait sur les récifs de l’île.