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Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/21

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mistress branican.

d’arriver à bloc, et la brigantine fit légèrement lofer le navire, dès qu’elle eut été bordée sur son gui. Cette manœuvre devait permettre au Franklin de prendre un peu de tour, afin d’éviter quelques bâtiments mouillés à l’entrée de la baie.

À un nouveau commandement du capitaine Branican, la grande voile et la misaine furent hissées avec un ensemble qui faisait honneur aux bras de l’équipage. Puis, le Franklin, arrivant d’un quart sur bâbord, prit l’allure du largue, de manière à sortir sans changer ses armures.

De la partie du quai occupée par de nombreux spectateurs, on pouvait admirer ces différentes manœuvres. Rien de plus gracieux que ce bâtiment de forme si élégante, lorsque le vent l’inclinait sous ses volées capricieuses. Pendant son évolution, il dut se rapprocher de l’extrémité du quai, où se trouvaient M. William Andrew, Dolly, Len et Jane Burker, à moins d’une demi-encâblure.

Il en résulta donc, qu’en laissant arriver, le jeune capitaine put encore apercevoir sa femme, ses parents, ses amis, et leur jeter un dernier adieu.

Tous répondirent à sa voix, qui s’entendit clairement, à sa main qui se tendait vers ses amis.

« Adieu !… Adieu ! fit-il.

— Hurra ! » cria la foule des spectateurs, tandis que les mouchoirs s’agitaient par centaines.

C’est qu’il était aimé de tous, le capitaine John Branican ! N’était-ce pas celui de ses enfants dont la ville était le plus fière ? Oui ! tous seraient là, à son retour, lorsqu’il apparaîtrait au large de la baie.

Le Franklin, qui se trouvait déjà en face du goulet, dut lofer afin d’éviter un long courrier, qui donnait en ce moment dans les passes. Les deux navires se saluèrent de leurs pavillons aux couleurs des États-Unis d’Amérique.

Sur le quai, Mrs. Branican, immobile, regardait le Franklin s’effacer peu à peu sous une fraîche brise de nord-est. Elle voulait